Article du BP du 14 septembre
Les AMAP victimes de leur succès
elles veulent maintenir une agriculture paysanne

Les adhérents des AMAP insistent sur la convivialité des « jours de distribution » (photo BP-LD)

Ce soir-là, il flotte une odeur de basilic entre les tables du restaurant « les Pieds bleus », cantine végétarienne de la place Emile-Zola à Dijon. Et pour une fois, elle ne vient pas des cuisines.
C'est jour de distribution pour l'AMAP du Pré Velot. AMAP pour Association de maintien d'une agriculture paysanne. Pré Velot pour le nom de l'exploitation agricole bio menée par Jean-Pierre Koenig et Christine Maury à Auxonne. L'AMAP fonctionne depuis deux ans. Elle a aujourd'hui trois points de distribution : le mardi aux « Pieds bleus », le vendredi à Plombières-lès-Dijon et le samedi matin au cinéma art et essai l'Eldorado.
Le principe est simple : les adhérents paient à l'avance des paniers de légumes bio qu'ils viennent ensuite chercher chaque semaine. Le petit panier est à 10 ?. Le grand à 15 ?. A titre d'exemple, le premier proposait cette semaine-là 800 g de haricots, 800 g de tomates, 1 kg de carottes, deux concombres, une salade et un bouquet de basilic. Un kilo de courgette, 1 kg de pommes de terre et une salade s'ajoutaient dans le grand panier. De quoi retrouver le goût de cuisiner et de s'impliquer pleinement dans ce mode de consommation alternatif.
« Un acte militant »
Anne, 42 ans, travailleuse sociale, trouve ainsi le fonctionnement des AMAP « intéressant et militant. En faisant ses courses dans les grandes surfaces, on a trop souvent l'impression de manger des légumes pas sains, pas bons. Dans une AMAP, c'est l'inverse. Et c'est quand même plus sympa de participer à une distribution de paniers plutôt que de parler à une balance qui ne vous dit même pas « bonjour ».
Même son de cloche dans la bouche de Bénédicte et Dominique, la quarantaine et toutes les deux enseignantes : « les AMAP, c'est un engagement, ce sont des espaces de convivialité.
Les distributions des paniers sont l'occasion de se voir, d'échanger des recettes ou des infos. Car les maraîchers nous font parfois découvrir des légumes inattendus, comme le panais. Et en attendant, les tomates sont bonnes à tomber. Pour l'AMAP du Pré Velot, nous avons également un blog où Christine (Maury) nous parle de la vie de l'exploitation, des prochaines distributions et des autres rendez-vous ».
L'AMAP organise en effet chaque année au Pré Velot un pique-nique qui permet aussi de découvrir les coulisses de l'exploitation.
Une démarche citoyenne qui veut fonctionner en gagnant-gagnant : « pour nous, l'AMAP a plusieurs avantages », détaille Jean-Pierre Koenig. « Nous avons trois rendez-vous avec à chaque fois une trentaine d'adhérents. Savoir que nous allons livrer chaque semaine 90 paniers, c'est une garantie de trésorerie et un bon moyen d'organiser notre production.
Mais nous avons voulu garder des petits groupes à chaque fois pour privilégier le contact avec les adhérents. Et quand nous avons des excédents dans la balance, nous en faisons profiter tous les paniers . »
C'est complet !
Alors, les AMAP, nouvel idéal de consommation ? Pas si simple, car elles sont plutôt? victimes de leur succès. Entre les AMAP « historiques » et les dernières initiatives, il y en aurait aujourd'hui sept sur la seule agglomération dijonnaise. Et elles affichent toutes complets. « Même avec des AMAP qui font le choix d'avoir beaucoup plus d'adhérents que nous, le problème n'est pas résolu car il faut en face des agriculteurs bio capables de répondre à la demande », explique Jean-Pierre Koenig. « Mais aujourd'hui, il est très difficile de pouvoir s'installer en bio, alors qu'il y a dix ans, il était encore facile de faire du légume bio à Dijon et sa proche agglomération. L'autre problème que soulèvent les AMAP, c'est l'urbanisation galopante? »
Frédéric JOLY
www.amapdijon.free.fr
www.amap.varennes.free.fr