Les plantes "messicoles"
Zouvon

Article du journal "Le Monde" daté du 11 octobre 2011 :

Un plan pour enrayer la raréfaction des fleurs des champs

Bleuets, ivraies, nielles et adonis sont victimes de l'intensification de la culture céréalière
Petites taches rouges ou bleues dans les paysages de Van Gogh ou de Monet, les fleurs des champs ont, pour certaines, disparu du territoire français. Adonis, bleuet, nielle des blés ou miroir de Vénus sont de moins en moins nombreuses. Un plan national d'action pour préserver ces fleurs sauvages est en voie d'élaboration au ministère de l'écologie.


Compagnes des blés, seigles et autres céréales à paille depuis des millénaires, ces plantes n'ont pas résisté à l'intensification du système agricole. Bien que très peu concurrentielles pour les cultures, elles ont longtemps été considérées comme des mauvaises herbes. " La généralisation des herbicides a été un tournant, estime Frédéric Coulon, ingénieur agronome chez Solagro, une association engagée pour une gestion durable de l'agriculture. Pour augmenter au maximum les rendements, les agriculteurs ont densifié les semis et empêché ces espèces de se développer. "


Ces plantes " messicoles " (associées aux moissons) vivent au rythme des cultures. " Le constat est le même partout en Europe. Nous assistons à une régression importante de ces espèces, explique Amélie Coantic, du bureau Faune et flore sauvage au ministère de l'écologie. Sur 102 variétés recensées en France, 52 sont en situation précaire et sept ont disparu. "

Modification des cycles agricoles, spécialisation des graines, labour toujours plus profond, abandon des surfaces peu productives : les fleurs sauvages s'exilent en bordure des champs et ont du mal à survivre. En Ile-de-France, un tiers des espèces a disparu, un autre tiers est menacé d'extinction. Si le coquelicot est encore abondant à l'échelle nationale, l'adonis goutte-de-sang, la nielle des blés, le myagre perfolié ou l'ivraie enivrante sont en situation " précaire ".

Dès les années 1960, des botanistes avaient alerté sur leur disparition. Indicateurs de biodiversité dans l'espace agricole, ces fleurs assurent l'alimentation de nombreux insectes pollinisateurs comme les abeilles ou certains coléoptères. " Or la perte des pollinisateurs est à terme dommageable pour l'activité agricole elle-même, puisque les céréales ont besoin d'être pollinisées ", rappelle M. Coulon.

" Auxiliaires de cultures "

Ces plantes nourrissent aussi les oiseaux des plaines et permettent de lutter contre les ravageurs de culture, en attirant les coccinelles ou les syrphes, de petits insectes volants. Ces " auxiliaires de culture " se nourrissent des pucerons et jouent naturellement le rôle de pesticides. Leur présence permet donc de diminuer l'usage de produits phytosanitaires.

" Pour que la disparition de ces plantes ne soit plus seulement la préoccupation des naturalistes, assure Serge Largier, directeur du Conservatoire botanique national des Pyrénées et de Midi-Pyrénées, il faut mettre en avant les services biologiques qu'elles rendent, et que les agriculteurs apprennent à gérer leurs parcelles non plus comme des monocultures, mais comme des écosystèmes à part entière. "

Le plan national pour 2012-2016 prévoit la réalisation d'un état des lieux et la mise en place d'aménagements agroécologiques comme des bandes fleuries. " On peut envisager d'encourager le réensemencement ou de développer des jachères ", explique Amélie Coantic. Les spécialistes estiment que la préservation de ces espèces implique une réduction des herbicides et des apports d'intrants, ainsi qu'un travail du sol moins profond.

Céline Blampain



Dernière modification le 10-10-2011 à 13:45:11

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